Interviews/ Producteurs

Interviews de Valentine & Béranger – Les Jardins de Courances

Le château de Courances est un site surtout connu pour son parc extraordinaire, un jardin d’eau : 17 pièces d’eau, 14 sources… Longtemps attribué à Le Nôtre, le parc date en réalité de la Renaissance. 5 siècles d’histoire des jardins et depuis 2013, une exploitation maraîchère qui a obtenu le label AB en 2015 et un projet agricole ambitieux : 500 ha de « grandes cultures » en ABC, agriculture biologique de conservation. Une marque a été déposée pour commercialiser ces produits : les Jardins de Courances… Rencontre avec Valentine de Ganay , fondatrice et gérante des Jardins de Courances, et Béranger Dauthieux, le Chef de culture.

 

Comment sont nés les Jardins de Courances ?

Valentine : Le château est dans ma famille depuis la fin du XIXe. Nous sommes 4 propriétaires, 2 sœurs, une nièce et moi. J’ai toujours voulu faire connaître ces lieux, les partager. Le parc paysager s’étend sur 75 ha. Devant une Foulerie où l’on peut boire le thé aujourd’hui et où l’on foulait le chanvre au XVIIIe, on découvre aussi un Jardin japonais des Années Folles ! Mais comment faire vivre ces lieux au début de deuxième millénaire ?

Je suis d’abord écrivain mais j’ai toujours été sensible au patrimoine « vert ». Pourquoi le potager (aujourd’hui, 3 potagers, 9 ha en tout) et la plaine ne pourraient-ils être un jour des jardins à part entière, des jardins nourriciers et en plus aux portes de Paris, des jardins pour nourrir la capitale et ses environs ?! Les Jardins de Courances désignent donc une nouvelle aventure agronomique et maraîchère et, vu la surface et la proximité avec Paris, une aventure politique aussi.

 

De quelle superficie parlons-nous ?

Valentine : Le premier potager, clos-de-murs et proche du château s’étend sur 2.8 ha. Il y a 2 ans, nous avons mis en culture une autre parcelle, la même taille à peu près que la première, au milieu de la plaine, derrière le hameau de Chalmont pour répondre à une demande croissante.

 

Les Jardins de Courances ne sont donc plus à Courances ?

Valentine : Plus seulement. Les Jardins de Courances désignent plus une qualité et une philosophie qu’un emplacement limité. Nous demeurons cependant dans le Gâtinais, un parc naturel régional protégé. Nous expérimentons dans un troisième endroit, sur 3 ha encore, le maraîchage sur sol vivant (MSV), on ne travaille plus le sol, on ne l’irrigue plus et on ne le désherbe (presque) plus.

 

Les productions diffèrent-elles d’une parcelle à l’autre ?

Bérenger (qui illustre l’article) : Bien sûr ! A Courances, nous produisons des légumes calibrés, ce que désirent principalement les restaurateurs, des aromates et des fleurs comestibles. A Chalmont, nous cultivons plus des légumes de garde : courges, pommes de terre, betteraves, gros navets, poireaux…

 

Je vois une jungle de pieds de tomates…

Bérenger : C’est moi le papa. On cultive à Courances une quinzaine de variétés : la Rose de Berne, ma préférée, l’Ananas, les 3 couleurs de la Zébra ( Green, Black and Red), la Marmande et la Cœur de Bœuf. Pour cette dernière, j’ai eu envie de semer la variété ancienne, elles sont moins obèses que celles qu’on voit parfois sur certains étalages. Hélas, elle n’a pas beaucoup donné cette année.

 

Quid des autres ?

Bérenger : 2018 sera une année à tomates, celles sous serres et celles de plein champ nous ont globalement donné satisfaction. Il m’est arrivé, d’autres fois, de choper du mildiou et de perdre 100 % de mes récoltes !

 

Vous produisez sous serres et en plein air les mêmes tomates ?!

Bérenger : Oui, certaines variétés. Cela nous permet d’étaler dans le temps notre production. Pour les pieds sous serre, je pratique ce qu’on appelle le « palissage sur port », cela demande beaucoup de travail pour obtenir un seul pied qui monte, bien net. Pour les tomates en extérieur, je les laisse buissonner : cela donne plus de tomates, d’un plus petit calibre et qui arrivent plus tard à maturité.

 

La demande de produits bio est-elle forte ?

Bérenger : Au commencement, nous n’étions pas labellisés BIO mais nous travaillions nos produits comme aujourd’hui. Un des premiers supporters-complices de Valentine a été Yannick Alléno. Il a
immédiatement compris ce que nous tentions de mettre en place à Courances. La demande n’a cessé d’augmenter au fil des années, ce qui fait plaisir, nous ne sommes pas seulement quelques bobos fanatiques et isolés. Nous démontrons qu’il est possible de vivre du maraîchage en agriculture biologique. Ce n’est pas facile tous les jours mais ce que nous tentons nous passionne et nous paraît même important. Un modèle qui illustre les vertus du circuit court.

 

Quels sont vos canaux de vente ?

Valentine : une boutique dans le village, ouverte le vendredi soir et le samedi matin, une AMAP, Tomato & Co, une manière vraiment innovante de vendre, de communiquer et même de jardiner par procuration, et maintenant Biovor. Des circuit courts, toujours. Ce qui permet de proposer des légumes et des fruits et des fleurs de première fraîcheur. Ce qui nous permet aussi d’entretenir une relation directe avec le consommateur.

 

Combien de variétés sont-elles cultivées dans les Jardins de Courances ?

Bérenger : Pas loin de 250 mais comme vous le savez, chaque légume se décline en plusieurs variétés : nous cultivons plus d’une quinzaine de variétés de tomates !

 

Quelle est votre vision pour l’agriculture de demain ?

Bérenger : Il faut relocaliser la production maraîchère, recréer des potagers autour de la capitale et donc, pour le Grand Paris, proposer aussi un autre paysage…

 

Pour en savoir plus sur Les Jardins de Courances, visitez le site internet www.courances.net : vous y découvrirez l’histoire du château mais également des précisions sur le maraichage sur sol vivant.

Suivez-nous

You Might Also Like

Pas de commentaires

Laisser une réponse