Portraits/ Producteurs

Portrait de Julie Yadi – Les jardins de Julie

Depuis quelques mois Julie Yadi s’est installée sur le toit du très branché MOB hôtel, un espace de vie à deux pas des puces de Saint-Ouen. Comment cette jeune passionnée de musique adepte des studios d’enregistrement a posé sa serre et ses plantes sur le toit audonien le plus médiatisé ? Rencontre rayonnante.

 

Rendez-vous est pris sur le toit du MOB Hôtel où Julie a installé sa serre depuis quelques mois. Pour Biovor, elle nous fait une visite de sa toute nouvelle serre, nous montre chaque plant, chaque salade, nous fait gouter ses jeunes pousses de cresson, de laitue, de chicorée ou encore des feuilles de bourrache officinale… Sa gourmandise et sa fierté nous embarque dans un voyage extraordinaire.

De la fierté elle a de quoi en avoir Julie ! Elle a commencé en faisant des petits plans de plantes sur le balcon de sa cuisine avec une mini-serre de balcon… Puis son balcon devient trop petit : il faut trouver un lieu et des moyens pour s’agrandir. C’est là ce moment qu’elle lance une campagne de collecte en ligne KissKissBankBank pour que son projet « Les jardins de Julie » voit le jour…

Pas un projet lancé sur un coup de tête comme certains hipsters parisiens désireux de « donner un sens à leur vie » qui se retrouvent sur le port de Guéthary à boire une Gross face à la Parlementia avant de retrouver leurs chèvres Toggenburg… Non, chez Julie son projet remonte à l’enfance.

Car Julie est tombée dedans toute petite : on pourrait l’appeler l’Obélix des plantes si elle n’avait pas sa taille de guêpe… D’une famille de fleuristes de mère en fille, elle aide ses parents à la boutique « Julie Fleurs » (privilège de benjamine) depuis qu’elle a 8 ans : « Quand tu es ado tu kiffes pas te lever très tôt pour aider tes parents à vendre des fleurs… Je n’aimais pas trop ça mais je n’avais pas le choix ». Et puis finalement le charme opère… 10 ans plus tard, « Julie Fleurs » est devenu « Le Jardin de Julie », elle aide toujours sa maman ; mais la corvée a laissé place à une agréable routine : quand sa maman s’occupe de la boutique, c’est elle qui est en charge du stand extérieur. Julie aime bien les plantes et les fleurs… mais elle préfère la musique.

 

La musique comme moteur

 

Quand Julie nous parle de musique c’est avec des étoiles plein les yeux. On sent immédiatement que la musique et elle, c’est une intense histoire d’amour. « J’ai grandi avec la musique. Ma première claque musicale c’est Lauren Hill ! D’abord dans Sister Act 2 puis avec Les Fugees ! » Elle garde un plaisir identique à écouter The Score en boucle comme quand elle avait 11 ans.

C’est tout naturellement qu’elle s’est orientée vers la musique une fois le bac en poche. Après un BTS, direction le label V2 Music, en stage. « C’était une période exceptionnelle : une boite géniale, une équipe incroyable, c’est là-bas que j’ai rencontré tous les copains. » Alors quand Alain Artaud, le boss, part pour Polydor avec une partie de l’équipe, Julie a la chance d’en faire partie. Elle devient rapidement chargée de prod au sein de la cellule « Enregistrement studio » : « Je me retrouve dans l’artistique pur. C’est ça que je voulais faire ! ». Mais 7 ans plus tard, quelques millions de BAT musicaux validés, une nombre incalculable d’écoutes d’artistes qui « n’ont pas sa préférence »… Elle décide de changer. Changer pour ce projet qui traine dans un coin de sa tête depuis qu’elle a arrêté d’aider sa maman à la boutique, sa madeleine de Proust va prendre vie…

Mais devenir fleuriste-herboriste ça ne s’improvise pas. Julie veut comprendre les plantes, connaitre les arômes et les vertus médicinales de chacune à la façon des pharmaciens d’antan… Tout ce savoir elle l’acquière à coup de formations exigeantes (Ecole du Breuil et Ecole des Plantes de Paris en proue), de stages de perfectionnements pertinents (chez Mama Pétula ou La Guinguette d’Angèle). Un travail exigeant et fastidieux mais qui va payer… En juillet 2017 Julie réussit le tour de force de convaincre l’équipe du MOB Hôtel de l’accueillir sur leur toit géré partiellement par l’association la SAUGE (Société d’Agriculture Urbaine Généreuse et Engagée). Elle rend un hommage appuyé à Cyril Aouizérate et Aline Afanoukoé respectivement créateur et responsable du lieu : « Tout est une question de confiance, notre relation est comme ça avec eux. Au quotidien c’est génial de travailler avec les équipes du MOB Saint-Ouen ».

 

« But deep in my heart the answer it was in me and I made up my mind to define my own destiny »*
(The Miseducation of Lauryn Hill)

 

Mais Julie n’a pas envie d’en rester là. Elle commence à se diversifier en proposant des bougies aromatisées et un jour ses propres pots en céramique. Elle ambitionne d’ouvrir une seconde serre, et pourquoi pas un potager urbain… Son rêve ultime « un local façon coffee shop où se côtoieraient les gens qui viennent prendre un café et ceux qui viennent acheter des plantes ou des fleurs. Et avec un jardin potager sur le toit, évidemment ! ». Pour cette fan de Lauryn Hill, rien ne semble impossible.

 

 

* « Mais au plus profond de mon cœur, la réponse était en moi et j’ai décidé de définir mon propre destin. »

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