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Interview de Emmanuel Joubert – TommPousse

La cuisine française est exceptionnelle de diversité : nombre de produits ou de plats nous éveillent des souvenirs de notre enfance. Parmi ces produits, il y a le fromage ! Alors quand Emmanuel Joubert, 39 ans, réinvente le sacro-saint camembert en CamemVert, on applaudit mais surtout on est intrigué ! Découvrez l’univers atypique du fromage végétal !

 

 

Bonjour Emmanuel ! Le CamemVert c’est quoi ?

Bonjour, nos CamemVerts comme nos Carrés sont des fromages végétaux. C’est-à-dire que nous avons fabriqué des fromages mais dont les ingrédients de base sont différents. Pour le CamemVert au lieu du lait on utilise de la noix de cajou.

 

Donc ce sont des fromages ?

Nous ne pouvons pas utiliser le terme « fromage » car la règlementation indique qu’il faut du lait animal. Mais à y regarder de plus près nous utilisons les même techniques traditionnelle ancestrales que les fromagers. La seule différence c’est l’ingrédient de base.

 

Comment est né TommPousse ?

D’une conviction personnelle. D’une envie d’allier mes convictions, mes valeurs avec mon métier.

 

Ce n’était pas le cas avant…

Non. J’ai passé 10 ans dans l’industrie pharmaceutique à faire du marketing… J’avais le sentiment de ne plus être à ma place. J’avais besoin de faire quelque chose qui ai du sens, besoin d’agir à mon niveau pour l’environnement. Passionné de cuisine et de vin, l’alimentation est le moyen à notre portée le plus
efficace pour agir sur l’environnement, sur la santé, mais aussi sur le bien-être animal.

 

Donc vous êtes parti pour créer TommPousse ?

Oui, mais Act On Eat (nom de la société, ndla) n’était pas née. Ma réflexion a été un process en entonnoir… J’ai assez rapidement ciblé l’alimentation puis plus spécifiquement la lutte contre l’élevage intensif d’animaux comme étant une des causes principales de dégradation de l’environnement aujourd’hui.
L’idée a été de trouver un projet, une idée qui puisse sensibiliser les gens par rapport à cette problématique là et ensuite faire évoluer les habitues à mon niveau. La finalité était très claire… mais les moyens pour y arriver sont variés. L’alimentation végétale est pour moi le bon vecteur.
Mais en faisant notamment des CamemVert je « m’attaque » au fromage, un symbole de la gastronomie française, du plaisir de manger. En adressant ce symbole c’était le meilleur moyen de combattre les préjugés et que l’on peut végétaliser son alimentation sans supprimer la notion de plaisir.

 

« Montrer l’exemple n’est pas la meilleure façon de convaincre, c’est la seule. » Ganghi

 

Quand je vous entends, je vois en vous un militant…

C’est clairement une réflexion militante. C’est le mot ! Le nom de la société Act On Eat est du même registre : engagé et militant pour améliorer les choses, les gens, la planète ! Je suis parti de cette finalité et petit à petit le moyen s’est imposé à moi : l’alimentation végétale !
Si c’est du fromage végétal ça n’est pas totalement un hasard. Je ne pense pas que les choses se font au hasard. C’est surement parce que j’y prenais du plaisir à confectionner les recettes, à faire les tests, un plaisir gustatif, un plaisir gastronomique. J’ai aussi une passion du vin, et avec le fromage c’est l’alliage parfait. Donc c’était pour moi l’occasion de rattacher les wagons entre ma cause et mes centres d’intérêt.

 

Tout à l’heure vous parliez du bien-être animal : c’est un facteur important pour vous ?

Oui, par la force des choses. C’est avant tout des convictions et un besoin de cohérence. Initialement mon inspiration était des convictions écologiques mais à force de me renseigner, de faire ma propre introspection et d’être de plus en plus proche de tous ses mouvements de pensée, on se rend compte que tout est lié. Pour être en cohérence, il faut changer aussi ses propres habitudes. Et petit à petit je me suis tourné vers une alimentation végétale. Le bien-être animal fait partie d’une réflexion globale tant philosophique que politique.

 

Vous avez eu des rencontres inspirantes ?

De nombreuses ! Je pourrais citer Cyril Dion (réalisateur du film « Demain » s’il faut encore le présenter) qui est extrêmement inspirant. Il y a aussi Aymeric Caron qui a écrit « Vivant » ou encore « No Steak », ou encore Emmanuel Druon patron de Pocheco et auteur de « Écolonomie ». Pour ne citer qu’eux !

 

TommPousse dans 10 ans ce sera quoi ?

TommPousse est une marque rattachée à Act On Eat et j’espère qu’elles iront le plus loin possible pour remplir leur objectif qui est d’accompagner au changement des habitudes alimentaires. Actuellement nous sommes hébergés par United Kintchen au sein du château ETIC de Nanterre. Plus tard qui sait où nous serons !

 

Et votre vision de l’alimentation de demain ?

Je pense que nous allons aller de plus vers de la végétalisation. Dans les sociétés occidentales dans un premier temps puis dans le monde entier, et notamment en Chine et en Inde. Il faut que la prise de conscience se fasse. Il faudrait aussi une relocalisation de la production et de la consommation. Néanmoins c’est difficile de reprocher aux autres ce que l’on a fait par le passé. Mais la situation de maintenant est différente de celle d’il y a quelques années. Les choses devraient évoluer dans le bon sens de plus en plus rapidement pour la simple et bonne raison que nous n’avons pas le choix !

 

Un dernier mot à ajouter ?

Oui. Pour que les choses changent il faut que l’on agisse. Les actions qui vont permettre un changement viennent de la société civile, du bas et non du haut. Ce sont les actions des citoyens qui vont donner des idées aux grandes entreprises qui vont les faire siennes. Et ensuite par les politiques. Ça va être un mouvement vertueux… Mais au début c’est la société civile qui fait bouger les choses.

 

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