Rencontrer Christophe Malizia, fondateur de la brasserie Grand Morin, c’est avant tout rencontrer un personnage hors-norme ! Car Christophe c’est un personnage : trapu, franc du collier et un brin bourru mais avec un cœur qui bat au rythme de ses valeurs.
A le voir comme ça, on se demande comment il a fait pour rester si longtemps chef de projet dans l’informatique à relier quotidiennement Dammartin-sur-Tigeaux à La Défense… On a du mal à l’imaginer avec son attaché case et son complet cravate… Christophe était rentré dans un moule qui n’est pas le sien, mais celui d’une société. Alors quand un licenciement économique est arrivé en 2013, ce fut l’occasion de se recentrer : « A l’aube de mes 50 berges qu’est-ce que je fais ?! ». C’est parti pour l’aventure de la brasserie Grand Morin.
Flashback !
Christophe ne se lance pas dans cette aventure au petit bonheur la chance. C’est mal le connaitre. Sous ses airs de baroudeur débonnaire rock’n’roll se cache un consciencieux idéaliste. L’intérêt pour la bière est venu du fait qu’il supporte difficilement l’alcool, il se tourne naturellement vers ce breuvage qui est « une boisson gustativement intéressante et faiblement alcoolisée ». Il commence à brasser sa propre bière « pour le fun » , et en 2013 se pose la question de professionnaliser sa production.
Mais pour monter une vraie brasserie il faut faire une vraie gamme de produits. « Moi j’ai des gouts affirmés : les bières que je préfère ne sont pas à la mode. Si ça tenait qu’à moi j’aurai fait que des trucs rock’n’roll ». Mais raison et sagesse l’emportent : il développe une gamme complète de bières standard : sans alcool (moins de 1,2%), blanche, blonde, ambrée et brune.
« Aujourd’hui tous les gouts sont formatés, Moi je fais dans l’exotique »
Fuyez le naturel il revient au galop ! En parallèle il s’éclate à faire des bières spéciales. De ses expérimentations naissent une bière à la pomme, une à la cerise, une bière fumée ou encore une ale en partenariat avec la Brulerie de Meaux… et très bientôt une blanche citronnée.
Quitte à s’éclater sur le gout autant s’éclater sur les noms… Florilège d’une imagination débordante d’un fan de rock alternatif : « Crécy little thing called love », « Smell like Dammartin’s spirit », « Adam Heart Mother », « Highway to Ale », « Smoke on the Morin »…
Et puis les étiquettes aussi sont rock… « Les étiquettes sont nées d’une rencontre hasardeuse avec Gaëlle, une graphiste, dans un magasin spécialisé bio. Elle est partante pour me donner un coup de main. Sa première étiquette fut pour la bière à la Pomme ! Et là wahou ! » Depuis elle a revu presque toutes les étiquettes de la brasserie. Du nom de la bière, à la citation de Terminator : tout est dans le détail !
Un projet au-delà des bières
Derrière ces bières déjantées se trouve un projet profond : l’acculturation des personnes. Associer la brasserie avec un projet éducatif afin de permettre à tous de découvrir les saveurs d’antan, mais aussi de s’inscrire dans un patrimoine local et de créer un lien social avec les associations, les villages. Tout cela passe par beaucoup de présence sur le terrain « Ca prend du temps mais ça avance ».
Avec une telle démarche, l’intérêt pour le bio devient une évidence. Mais Christophe précise « Le bio c’est pas que le cahier des charges, c’est aussi l’éthique. Pour ça il faut se battre » car il y a une vraie différence entre le produit qu’il propose et celui des industriels.
Un exemple : les bières aromatisées. Sa bière à l’orange est laissée 4 mois en fermenteur tandis que la distribution ne la laisse qu’une semaine. Pour sa bière à la cerise c’est pareil : outre la saisonnalité, c’est près de 100g de cerise par litres et un gout subtile de cerise, « pas sûr que les industriels aient les même process » glisse-t-il, malicieux.
Lors de la visite de son installation, il nous parle de ses projets plein la tête avec pour leitmotiv : « des produits différents et de qualité pour un retour à l’authenticité ». En bon fan de musique, Christophe fait un parallèle intéressant : « J’ai vu Iggy pop à la fête de l’Huma, le gars n’avait rien : c’est comme vendre de la bière en supermarché il n’y a pas d’âme, il n’y a plus rien. » Il nous avouera plus tard que ses groupes préférés sont Mass Hysteria et Shaka Ponk, des groupes aux influences diverses qui n’ont jamais cessé de se renouveler. Un peu comme les bières de la Brasserie Grand Morin.
Pas de commentaires