C’est toujours la même rengaine. Quand nous parlons agriculture biologique, tout le monde acquiesce de concert. Mais quand il s’agit de passer à l’acte c’est presque comme un seul homme que nous entendons « c‘est trop cher ! »… Cette phrase dans l’absolu ne veut rien dire car c’est trop cher par rapport à quoi ? Par rapport à qui ? Analysons ensemble la situation pour comprendre pourquoi BIO n’est pas synonyme de trop cher.
Un mode de production moins industrialisé
Plusieurs paramètres expliquent la différence de prix existant entre les produits dits « conventionnels » et les produits issus de l’agriculture biologique.
En moyenne et en fonction des modes de commercialisation, on estime que les produits bio présentent un prix de 20 % à 30 % plus cher que leurs homologues non bio. Cette différence, non négligeable, s’explique et n’est pas seulement liée à l’engouement des consommateurs dont les metteurs en marché pourraient profiter.
Parmi les raisons principales de ce surcoût :
- un mode de production demandant plus de temps (désherbage mécanique, compostage, soins aux animaux…), de main-d’œuvre et d’espace (rotation des cultures, maintien des jachères, bien-être animal…) du fait des techniques de culture et d’élevage non intensives. Des procédés de transformation peu industriels voire artisanaux,
- des rendements généralement moins élevés (carences et fragilité face aux parasites et aux maladies) que ceux des exploitations conventionnelles « boostées » par l’utilisation des fertilisants et des pesticides chimiques,
- le coût des contrôles et de la certification assumé par chaque opérateur de la filière, du producteur au distributeur
Mécaniquement ce sont des couts supplémentaire à inclure dans le prix du produit brut. L’agriculture biologique est donc un mode de production agricole qui coute plus cher. C’est un fait. Mais il n’y a pas que cela…
L’appétit financier des supermarchés
Une enquête publiée en 2017 par l’UFC Que Choisir avait fait grandit bruit. Une enquête qui détaillait le prix des produits BIO dans les rayons des supermarchés. Une différence du simple au double que le mode de production ne peut expliquer à lui seul.
L’UFC Que Choisir s’est intéressée aux légumes et aux fruits bio. Elle a calculé que, sur 1 an, la consommation bio d’un ménage coûtait 660 € contre 368 € pour des légumes et des fruits non issus de l’agriculture biologique. Exemples : 1 kilo de tomates non bio coûte 2,84 € en moyenne contre 5,48 € pour des tomates bio, 1,66 € le kilo de pommes contre 3,85 € le kilo de pommes bio. L’association affirme que les supermarchés et les hypermarchés, qui se présentent comme des défenseurs des aliments bio, augmentent exagérément le prix de ces produits pour faire plus de profit.
Les grandes surfaces peuvent bien sûr faire des profits mais l’UFC constate ici un excès qui nuit au développement de l’alimentation bio en France.
Et si on raisonnait sur du long terme ?
Penser sur le long terme c’est penser à sa santé et penser au système économique agro-alimentaire.
En faisant le choix d’une alimentation bio, on consomme très peu de produits transformés, ce qui réduit considérablement l’addition. Consommer mieux, c’est aussi consommer moins. Si l’obésité ne cesse d’augmenter dans les pays industrialisés, c’est parce que malbouffe rime souvent avec “surbouffe”. Nous mangeons trop, et nous ne bougeons pas assez.
Le coût sociétal de la consommation de nourriture industrielle est incalculable tant il est énorme. On considère que le consommateur paye ⅓ du prix d’un produit industriel, un autre tiers est payé par le contribuable, et le dernier tiers par la nature. Les coûts de dépollution des eaux et des terres, les coûts de recyclage, les dépenses de soin pour venir à bout des cancers qui ne cessent de se multiplier ces dernières années… tout cet argent sort directement de la poche du contribuable. Il pourrait en être autrement si tout le monde se décidait à consommer bio, d’autant plus que les prix baisseront à mesure que le nombre de consommateur bio augmentera.
Enfin pour limiter le prix des produits BIO, pour les rendre moins cher, il faut limiter les intermédiaires. C’est pourquoi nous avons lancé BIOVOR, la première place de marché mettant en lien direct les producteurs et les consommateurs BIO locaux. Limiter les intermédiaires c’est payer les producteurs au juste prix. C’est aussi assurer la pérennité d’une industrie en pleine mutation. Acheter en direct c’est assurer un vrai soutien aux producteurs de notre terroir, de notre économie locale, de nos campagnes !
Le bio paraît cher, mais il faut garder à l’esprit que le rapport qualité/prix se calcule différemment, et qu’il faut penser sur le long terme… même si ce n’est pas évidemment à mettre en application !
Pas de commentaires